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Angela Townend


Récipiendaire : février 2006

Angela Townend, MSS, TSI, pense que les clients comptent de plus en plus sur l'expertise des travailleuses et travailleurs sociaux et leur réseau de professionnels pour que ceux-ci les aident à répondre à la fois à leurs besoins immédiats et leurs besoins à long terme. Angela, qui est gestionnaire de programmes cliniques au Service familial catholique de Durham, dirige depuis 16 ans au sein de son organisme les programmes de counseling sur la violence faite aux femmes. Elle a été interviewée juste avant la Semaine nationale du travail social que l'on célèbre du 6 au 12 mars 2006 et qui a pour thème : « La violence fait souffrir tout le monde »

Angela a expliqué que l'appel lancé à la profession pour défendre plus intensivement que jamais cette cause était devenu nécessaire non seulement en raison de l'absence de soutiens familiaux mais aussi du fait de la complexité toujours accrue des systèmes (par exemple, la santé mentale, la justice, le logement) auxquels doivent recourir les clients des travailleurs sociaux. Dans son organisme, elle a mis sur pied une équipe de travailleuses et travailleurs sociaux hautement qualifiés pour diriger des programmes comme « Parenting After Violence » (rôle des parents après la violence), « Free to Be Me » (programme d'estime de soi pour filles et garçons), « Healing Hearts » (programme de counseling de groupe ou individuel pour les enfants victimes d'agression sexuelle) et l'ancien « Respect and Connect » (compétences parentales pour les parents d'enfants d'âge scolaire). Tous ces programmes comportent une composante de recherche, qui apporte des connaissances dans le domaine. Le Secrétariat ontarien des services aux victimes a choisi de financer la conceptualisation du tout dernier programme d'Angela « Sain et sauf/Safe and Sound »; ce projet donnera lieu à un manuel multiculturel bilingue à l'intention des travailleuses et travailleurs dans le domaine de la violence familiale.

Pour ce qui est de l'avenir de la profession, Angela Townend pense que les travailleuses et travailleurs sociaux entreront davantage dans des partenariats communautaires et assumeront des rôles de plus en plus importants dans les écoles, le système judiciaire, la santé mentale communautaire et l'aide sociale à l'enfance, non seulement dans les services de première ligne mais aussi dans l'élaboration et la mise en œuvre de programmes, la recherche et les politiques. Elle trouve que les autres professionnels se tournent vers les travailleuses et travailleurs sociaux pour obtenir des conseils et de l'expertise lorsqu'ils doivent planifier des interventions auprès de clients mutuels. Par exemple, elle a indiqué que son propre organisme est en train de solidifier son partenariat avec le service de police locale en fournissant des services plus exhaustifs ainsi que de la formation en matière de violence familiale. D'après elle, ces types de partenariats indiquent que les autres professionnels comprennent mieux le rôle et l'expertise du travail social et en ont un plus grand respect. 

Simultanément, Angela fait savoir que la profession doit maintenant relever de nouveaux défis, comme la nature de plus en plus litigieuse des affaires. Il est essentiel d'exercer conformément à la déontologie et de comprendre les principales questions juridiques que l'on rencontre dans le travail de première ligne. Elle trouve la rencontre de la loi et du travail social vraiment fascinante mais, parfois, cela peut aussi faire l'objet d'ambiguïtés et de diverses interprétations. Elle souligne l'importance de procéder avec prudence et de recourir à la consultation pour éviter des problèmes juridiques par la suite. 

Angela Townend a aussi fait remarquer que les travailleuses et travailleurs sociaux se heurtent de plein fouet aux retombées d'une société qui manque toujours de temps. Elle s'inquiète particulièrement de l'érosion du temps consacré à la famille et de l'épuisement des parents, et pense que les travailleuses et travailleurs sociaux ont un rôle essentiel à jouer pour aider les familles à rétablir la communication entre leurs membres et avec leur collectivité. Elle a fait remarquer que quel que soit le cadre de travail ou de vie, cela semble être un défi auquel font face toutes les travailleuses et tous les travailleurs sociaux à différents niveaux : dans le travail de première ligne avec des familles stressées de tous bords; dans les rôles administratifs où il est nécessaire de rendre des comptes aux organismes et bailleurs de fonds; et même dans la vie personnelle des travailleuses et travailleurs sociaux eux-mêmes. Elle voit ce thème de « manque de temps » s'infiltrer dans de nombreux aspects de la vie des clients - que ce soit le travail, le rôle parental, le mariage, les amitiés - et elle souligne que les travailleuses et travailleurs sociaux ont un rôle à jouer pour aider les autres à évaluer « comment » ils passent leur temps, et leur montrer qu'ils ont en fait un certain contrôle sur cet aspect de leur vie. Elle essaie de répondre aux gens qui lui disent qu'ils n'ont pas le temps et de leur montrer les choix qu'ils ont. 

Dans la même veine, une autre question qu'Angela a mise en lumière était le mieux-être des employés. Elle a fait remarquer que le travail social est loin derrière les entreprises pour ce qui est de s'attaquer à l'épuisement professionnel et à l'autogestion de la santé. En tant que superviseure, elle souligne le besoin de créativité pour que le personnel se sente respecté et valorisé, et continue à aimer le travail qu'il fait. Pour elle, le maintient de la passion pour son travail n'a pas été difficile : elle se sent privilégiée et exaltée d'appartenir à une profession et d'occuper un poste où il n'y a pas deux jours semblables. Au fil des ans, elle a travaillé à l'élaboration de programmes, aux admissions, à la rédaction de propositions, à la supervision, à l'évaluation, à l'orientation et au travail de première ligne. La possibilité qu'elle a de faire preuve d'innovation de différentes manières au jour le jour et de sans cesse se recréer a été pour elle un stimulant continu. En outre, son mari et sa foi ont été ses plus importants soutiens au cours des seize années qu'elle a passées à côtoyer tant de personnes blessées et maltraitées : « Ma foi, en particulier, m'a aidée à me concentrer non pas sur le pourquoi de la violence mais plutôt à mieux connaître le rôle que j'ai été amenée à jouer pour aider les autres à s'en sortir ». 

Dans le cadre du thème de la Semaine du travail social 2006, « La violence fait souffrir tout le monde », on a demandé à Angela ce qu'elle souhaiterait comme réponses aux préoccupations à l'égard de la violence et des mauvais traitements. Elle a répondu ceci :    « Mon premier souhait serait que les femmes commencent à apprécier leur valeur dans notre société. Je suis à la fois ébahie et découragée quand j'entends les histoires de femmes qui sont de véritables survivantes et qui, malgré tout, ont une si faible opinion de leurs points forts et de leurs capacités. J'aime travailler avec les jeunes filles et les aider à prendre conscience de leur importance et de leur valeur, de la place unique qu'elles occupent dans ce monde et de tout ce qu'elles ont à y contribuer. Mon deuxième souhait serait de mieux élever nos garçons et de les aider à apprécier leur rôle dans les relations. Nous devons être plus positifs au sujet de ce que les hommes peuvent apporter aux relations et nous devons les élever de manière à ce qu'ils soient conscients de leurs émotions. J'aimerais que les hommes aussi bien que les femmes fassent tout leur possible pour établir des relations saines là où ils se partagent le pouvoir. » 

Angela Townend est un leader en travail social - intuitive, positive, innovatrice. Durant la Semaine du travail social, du 6 au 12 mars 2006, et pendant toute l'année, prenez le temps de saluer les travailleuses et travailleurs sociaux qui jouent un rôle essentiel en s'attaquant aux nombreuses formes de violence qui se manifestent dans notre société.