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Peter Dudding


Récipiendaire : février 2004 

Peter Dudding a été interviewé la veille de la décision prise par la Cour suprême du Canada au sujet de l'article 43 du Code criminel du Canada qui permet aux parents et aux enseignantes et enseignants d'user du châtiment corporel sur les enfants. Pour Peter, qui est directeur général de la Ligue pour le bien-être de l'enfance du Canada, cette question revêt une extrême importance. Les jours qui ont suivi cette décision, la presse de tout le pays reprenait un grand nombre de ses citations concernant les conséquences du châtiment corporel sur les enfants et leurs familles, et sur la nécessité d'abolir le droit des adultes à frapper les enfants. Sa passion pour cette question reflète l'enthousiasme dont il fait preuve dans sa carrière de travailleur social, tout particulièrement dans le domaine du bien-être de l'enfance. La présente interview a été menée avant la Semaine nationale du travail social, que l'on célèbre du 1er au 7 mars 2004 et qui a pour thème : « La justice sociale : le travail social en action »

La carrière de Peter Dudding dans le domaine du bien-être de l'enfance a débuté, il y a 35 ans, lorsqu'il a obtenu un poste auprès de la Société d'aide à l'enfance de Toronto en 1969 à titre de travailleur auprès des enfants et des jeunes. Ses parents étaient des parents de famille d'accueil et ils lui ont donné sa première expérience du bien-être de l'enfance. Après avoir exercé un rôle de liaison dans le sud-ouest de l'Ontario, il a bénéficié d'un programme de la Société d'aide à l'enfance, grâce auquel il a obtenu le soutien financier et un emploi d'été garanti pendant qu'il préparait sa maîtrise en service social à l'Université de Toronto, qui lui a été décernée en 1976. À deux exceptions près, l'une en tant que directeur de projet à Sri Lanka et l'autre à titre de directeur des finances et de l'administration d'un Service de santé publique, Peter a consacré sa carrière de travailleur social au bien-être de l'enfance. Après de longs engagements auprès des Sociétés d'aide à l'enfance à Ottawa, Lanark et Toronto, il est directeur général de la Ligue pour le bien-être de l'enfance du Canada depuis 1998. 

Sa vaste expérience en tant que membre de la profession de travailleur social a donné à Peter Dudding une claire perspective sur l'évolution de celle-ci au cours des trente dernières années. Pendant notre interview, Peter a mentionné que dans les années 1970 et 1980, l'emphase était mise tout particulièrement sur les compétences cliniques et le travail dans les services de traitement par opposition aux agences de protection de l'enfance. Il a constaté un changement dans les années 1990, principalement dans le bien-être de l'enfance, alors que l'immersion dans les valeurs de travail social était considérée comme moins importante et que les travailleurs de première ligne devenaient davantage des techniciens ayant recours à des outils d'évaluation du risque. Cela a précédé un mouvement vers la déprofessionnalisation. Il croit cependant que ces dernières années ont vu l'arrivée d'un meilleur équilibre et d'une plus grande compréhension de l'importance d'avoir des professionnels possédant un ensemble de connaissances et de valeurs ainsi que des compétences poussées propres à des cadres particuliers. Il a fait remarquer que les problèmes survenus dans le recrutement et le maintien de la main-d'œuvre ont démontré le besoin de reconnaître les travailleurs sociaux comme des travailleurs intellectuels; en effet, les définitions étroites de leur rôle et l'application technique d'outils réduisent la flexibilité et la satisfaction professionnelle et conduisent à une pénurie de main-d'œuvre. 

Peter Dudding envisage un rôle très important pour le travail social à l'avenir. Il pense qu'étant donné le rythme et la portée des changements que l'on constate aujourd'hui dans la société, les travailleurs sociaux peuvent aider les particuliers à gérer ces changements et à faire face aux agents stressants de la vie. Alors que la société se pose de plus en plus de questions au sujet des valeurs sociales par rapport aux valeurs économiques, il a souligné que les travailleuses et travailleurs sociaux sont dans une situation idéale pour permettre à la société d'évaluer les pressions en cause et de préconiser un équilibre entre les droits des individus et le bien-être social et celui de la collectivité. 

Peter a indiqué qu'il avait toujours été heureux de son choix de profession, et que non seulement il tire une énorme fierté d'être travailleur social mais aussi qu'il aime que les autres sachent qu'il est travailleur social et que cela influe sur sa perspective du monde. L'occasion qu'il a eue de travailler brièvement en dehors du travail social lui a permis de réfléchir et de réaffirmer la justesse de son choix de carrière. 

Pour ce qui est des qualités que doit avoir un leader en travail social, Peter a indiqué qu'avant tout le leadership est une question d'exercice de valeurs. En outre, un leader doit avoir une vision, doit avoir une idée de là où nous sommes, de là où nous désirons aller et de la manière dont nous pouvons y arriver. Il estime qu'un troisième élément nécessaire est la réflexion et l'engagement, expliquant que pour avoir des leaders, il faut qu'il y ait des suiveurs; les leaders doivent pouvoir être réfléchis, communiquer et entraîner les autres à s'engager pour une même cause. Enfin, il a souligné l'importance du service chez les leaders, ce qui pourrait consister à veiller entre autres à l'intérêt des autres et de la collectivité. 

Peter Dudding a insisté sur le fait que les travailleuses et travailleurs sociaux doivent se rappeler que l'intervention joue un rôle important pour la profession, non seulement en ce sens qu'elle vise à soulager les problèmes individuels mais aussi parce qu'elle se reflète dans leur approche consistant à penser à la population d'une manière systématique et préventive. Il estime qu'un défi pour la profession et pour lui personnellement consistera à penser en termes mondiaux, sachant que l'avenir de nos enfants et petits-enfants dépendra de la manière dont les prochaines générations parviendront à gérer leur croissance et leur développement d'une manière saine dans ce monde qui ne cesse de se rétrécir. Il a conclu son interview sur ces mots : « Il n'y a plus de coin isolé - nous sommes tous concernés et, en tant que profession, c'est une chose que nous ne devons pas oublier. »

Peter Dudding est un leader en travail social dont la passion pour la profession et pour la justice sociale est contagieuse. Pendant la Semaine nationale du travail social et pendant toute l'année, mettez à l'honneur les travailleuses et les travailleurs sociaux qui font la démonstration du travail social en action en recherchant la justice sociale.Peter Dudding a été interviewé la veille de la décision prise par la Cour suprême du Canada au sujet de l'article 43 du Code criminel du Canada qui permet aux parents et aux enseignantes et enseignants d'user du châtiment corporel sur les enfants. Pour Peter, qui est directeur général de la Ligue pour le bien-être de l'enfance du Canada, cette question revêt une extrême importance. Les jours qui ont suivi cette décision, la presse de tout le pays reprenait un grand nombre de ses citations concernant les conséquences du châtiment corporel sur les enfants et leurs familles, et sur la nécessité d'abolir le droit des adultes à frapper les enfants. Sa passion pour cette question reflète l'enthousiasme dont il fait preuve dans sa carrière de travailleur social, tout particulièrement dans le domaine du bien-être de l'enfance. La présente interview a été menée avant la Semaine nationale du travail social, que l'on célèbre du 1er au 7 mars 2004 et qui a pour thème : « La justice sociale : le travail social en action ». 

La carrière de Peter Dudding dans le domaine du bien-être de l'enfance a débuté, il y a 35 ans, lorsqu'il a obtenu un poste auprès de la Société d'aide à l'enfance de Toronto en 1969 à titre de travailleur auprès des enfants et des jeunes. Ses parents étaient des parents de famille d'accueil et ils lui ont donné sa première expérience du bien-être de l'enfance. Après avoir exercé un rôle de liaison dans le sud-ouest de l'Ontario, il a bénéficié d'un programme de la Société d'aide à l'enfance, grâce auquel il a obtenu le soutien financier et un emploi d'été garanti pendant qu'il préparait sa maîtrise en service social à l'Université de Toronto, qui lui a été décernée en 1976. À deux exceptions près, l'une en tant que directeur de projet à Sri Lanka et l'autre à titre de directeur des finances et de l'administration d'un Service de santé publique, Peter a consacré sa carrière de travailleur social au bien-être de l'enfance. Après de longs engagements auprès des Sociétés d'aide à l'enfance à Ottawa, Lanark et Toronto, il est directeur général de la Ligue pour le bien-être de l'enfance du Canada depuis 1998. 

Sa vaste expérience en tant que membre de la profession de travailleur social a donné à Peter Dudding une claire perspective sur l'évolution de celle-ci au cours des trente dernières années. Pendant notre interview, Peter a mentionné que dans les années 1970 et 1980, l'emphase était mise tout particulièrement sur les compétences cliniques et le travail dans les services de traitement par opposition aux agences de protection de l'enfance. Il a constaté un changement dans les années 1990, principalement dans le bien-être de l'enfance, alors que l'immersion dans les valeurs de travail social était considérée comme moins importante et que les travailleurs de première ligne devenaient davantage des techniciens ayant recours à des outils d'évaluation du risque. Cela a précédé un mouvement vers la déprofessionnalisation. Il croit cependant que ces dernières années ont vu l'arrivée d'un meilleur équilibre et d'une plus grande compréhension de l'importance d'avoir des professionnels possédant un ensemble de connaissances et de valeurs ainsi que des compétences poussées propres à des cadres particuliers. Il a fait remarquer que les problèmes survenus dans le recrutement et le maintien de la main-d'œuvre ont démontré le besoin de reconnaître les travailleurs sociaux comme des travailleurs intellectuels; en effet, les définitions étroites de leur rôle et l'application technique d'outils réduisent la flexibilité et la satisfaction professionnelle et conduisent à une pénurie de main-d'œuvre. 

Peter Dudding envisage un rôle très important pour le travail social à l'avenir. Il pense qu'étant donné le rythme et la portée des changements que l'on constate aujourd'hui dans la société, les travailleurs sociaux peuvent aider les particuliers à gérer ces changements et à faire face aux agents stressants de la vie. Alors que la société se pose de plus en plus de questions au sujet des valeurs sociales par rapport aux valeurs économiques, il a souligné que les travailleuses et travailleurs sociaux sont dans une situation idéale pour permettre à la société d'évaluer les pressions en cause et de préconiser un équilibre entre les droits des individus et le bien-être social et celui de la collectivité. 

Peter a indiqué qu'il avait toujours été heureux de son choix de profession, et que non seulement il tire une énorme fierté d'être travailleur social mais aussi qu'il aime que les autres sachent qu'il est travailleur social et que cela influe sur sa perspective du monde. L'occasion qu'il a eue de travailler brièvement en dehors du travail social lui a permis de réfléchir et de réaffirmer la justesse de son choix de carrière. 

Pour ce qui est des qualités que doit avoir un leader en travail social, Peter a indiqué qu'avant tout le leadership est une question d'exercice de valeurs. En outre, un leader doit avoir une vision, doit avoir une idée de là où nous sommes, de là où nous désirons aller et de la manière dont nous pouvons y arriver. Il estime qu'un troisième élément nécessaire est la réflexion et l'engagement, expliquant que pour avoir des leaders, il faut qu'il y ait des suiveurs; les leaders doivent pouvoir être réfléchis, communiquer et entraîner les autres à s'engager pour une même cause. Enfin, il a souligné l'importance du service chez les leaders, ce qui pourrait consister à veiller entre autres à l'intérêt des autres et de la collectivité. 

Peter Dudding a insisté sur le fait que les travailleuses et travailleurs sociaux doivent se rappeler que l'intervention joue un rôle important pour la profession, non seulement en ce sens qu'elle vise à soulager les problèmes individuels mais aussi parce qu'elle se reflète dans leur approche consistant à penser à la population d'une manière systématique et préventive. Il estime qu'un défi pour la profession et pour lui personnellement consistera à penser en termes mondiaux, sachant que l'avenir de nos enfants et petits-enfants dépendra de la manière dont les prochaines générations parviendront à gérer leur croissance et leur développement d'une manière saine dans ce monde qui ne cesse de se rétrécir. Il a conclu son interview sur ces mots : « Il n'y a plus de coin isolé - nous sommes tous concernés et, en tant que profession, c'est une chose que nous ne devons pas oublier. »

Peter Dudding est un leader en travail social dont la passion pour la profession et pour la justice sociale est contagieuse. Pendant la Semaine nationale du travail social et pendant toute l'année, mettez à l'honneur les travailleuses et les travailleurs sociaux qui font la démonstration du travail social en action en recherchant la justice sociale.