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Sonia Pouyat


Récipiendaire : mars 2007

Sonia Pouyat pense que les chefs de file en travail social doivent avoir une passion et garder une ouverture d'esprit pour gérer les changements et les questions auxquels ils et elles font face au quotidien. Elle a été interviewée avant la Semaine nationale du travail social qui se déroule du 5 au 11 mars 2007 et qui a pour thème : « Les travailleuses et travailleurs sociaux : une source de mieux-être dans la vie des enfants et des familles »

Pour Sonia Pouyat, le travail social a fourni la plate-forme qui lui a permis de s'engager dans un travail qui la passionne - et qui consiste à améliorer la vie des enfants et des familles. Depuis qu'elle a obtenu sa MSS à l'Université Wilfrid Laurier, Sonia a travaillé principalement avec les enfants et les familles : dans une société d'aide à l'enfance, dans les unités de médecine psychiatrique pour enfants et adolescents et de médecine pédiatrique à l'hôpital de Kitchener-Waterloo (maintenant Grand River), en pratique privée, dans l'élaboration de programmes pour la région de Waterloo, et en tant que directrice générale du Centre de counseling familial à Brantford. Pendant plusieurs années, elle a aussi été instructrice d'enseignement pratique pour la faculté de travail social de Wilfrid Laurier et chargée de cours au Renison College. Ces treize dernières années, elle a occupé le poste de présidente-directrice générale de KidsLink, centre de santé mentale pour les enfants et les jeunes dans la région de Kitchener-Waterloo. 

De son point de vue, dans une carrière consacrée aux services aux enfants et à la famille et, pendant de nombreuses années, un peu éloignée des services de première ligne, Sonia a vu le travail social se développer. Les racines du travail social ce sont les gens qui s'occupent des défavorisés, et elle pense que cela est le contexte qui définit la profession et la rend unique en son genre. Après une importante période de concentration sur le travail clinique, elle est heureuse de constater l'importance grandissante accordée au développement communautaire. Elle trouve intéressant de voir que de nombreuses écoles de travail social se concentrent maintenant systématiquement sur les questions de justice sociale. 

Sonia Pouyat pense que c'est de par sa nature, étant donné son mandat qui est de s'occuper des défavorisés, que le travail social est toujours remis en question. C'est la manière dont les travailleuses et travailleurs sociaux relèvent ces défis qui déterminera l'avenir et la portée de la profession. Elle pense que la tendance vers les philosophies de lutte contre l'oppression fera une différence. Elle voit les nouveaux diplômés qui arrivent avec des attentes différentes concernant le travail avec les familles, les communautés et le gouvernement. Ces nouvelles travailleuses et nouveaux travailleurs sociaux sont plus intéressés par la défense de causes. Selon Sonia : " L'une des questions que le travail social devrait résoudre c'est comment défendre les clients le plus possible lorsqu'on travaille dans un système qui finance les services mais pourrait faire partie du problème. " Elle cite un exemple d'immigrants et de réfugiés que l'on accueille en Ontario mais à qui on omet de fournir un soutien et des possibilités pour traiter les traumas dont ils ont souffert et pour les intégrer avec dignité dans le travail et la vie communautaire, du fait que les problèmes systémiques ne sont pas étudiés. 

Un défi majeur que voit Sonia pour le travail social est le danger de dichotomiser le domaine entre l'aspect clinique et l'aspect défense de causes/lutte contre l'oppression. Elle souligne que les deux aspects doivent travailler ensemble au sein de la pratique du travail social dans le plus grand intérêt des clients. Un autre défi pour le travail social découle du fait que la profession est sous-évaluée au sein d'un système qui manque de financement. Selon elle, " Cela est un problème qui n'est pas prêt de disparaître. Tant que nous servirons les personnes qui sont moins valorisées par la société et qui ne sont pas respectées par le système économique et politique, le travail social lui-même sera sous-évalué. Elle ajoute que la réponse ne consiste pas simplement à obtenir plus d'argent, mais il faut un paradigme différent qui valorise toutes les personnes et leur donne la possibilité de vivre dans la dignité. 

Sonia Pouyat dit également que : « les solutions pour l'avenir ne reposent pas sur le passé ». Elle souligne l'importance pour les chefs de file en travail social d'abandonner les « philosophies favorites » et de s'ouvrir aux idées créatives et aux solutions innovatrices. Elle pense sincèrement qu'un chef de file doit être prêt à accepter ses torts et à prendre des risques. Un autre attribut qu'elle trouve particulièrement précieux dans un chef de file, c'est d'être prêt à jouer le rôle de mentor et à partager ses expériences - non seulement cela aide-t-il la nouvelle génération, mais cela fournit aussi au mentor de nouvelles perspectives et une orientation pour l'avenir. 

Sonia pense qu'il existe un grand potentiel pour la croissance de l'entreprenariat social au Canada, stratégie qui permet aux sociétés à but non lucratif d'obtenir une plus grande autonomie et durabilité. En s'engageant dans des entreprises visant à générer un revenu de son travail et retenir les fonds excédentaires, les agences peuvent financer la défense de causes et fournir des services dans des domaines pas suffisamment financés. C'est une pratique qui a été utilisée avec succès aux États-Unis pendant un certain nombre d'années, par exemple, par Housing Works qui fournit du logement aux gens de la rue atteints du VIH/SIDA dans la ville de New York. Sonia signale que son organisme, KidsLink, a officiellement adopté l'approche d'entreprenariat social en 2000, et a pour but d'accroître son budget tout en comptant moins sur les fonds gouvernementaux pour réaliser toute sa mission.

En ce qui concerne l'avenir du travail social, Sonia Pouyat conserve un solide sentiment d'espoir quand elle voit les nouveaux et jeunes diplômés en travail social. Elle trouve qu'ils ont de solides connaissances des valeurs fondamentales du travail social et sont préoccupés par les questions plus vastes. En tant que groupe, ils sont informés au sujet des interrelations entre les systèmes sociaux, politiques et économiques, à l'échelle locale et internationale, et de leur impact sur les gens. En parlant avec ces nouveaux diplômés, Sonia les trouve intelligents, connectés et conscients de l'influence de la mondialisation. Elle voit le travail social comme un véhicule pour la génération plus jeune qui a une conscience sociale. 

En rapport avec le thème de la Semaine du travail social 2007, « les travailleuses et travailleurs sociaux : une source de mieux-être dans la vie des enfants et des familles », Sonia Pouyat aimerait, parmi ses souhaits, que la santé mentale des enfants et des jeunes soit mise à l'ordre du jour public pour que soient prévus une intervention précoce et un meilleur accès aux services. Elle fait aussi remarquer : « Nous devons reconnaître les capacités des enfants et faciliter leur croissance et leur expression. En tant que travailleuses et travailleurs sociaux, nous devons les écouter et en tirer des leçons. »

Sonia Pouyat est un chef de file en travail social - elle est passionnée, très optimiste, créative. Pendant la Semaine du travail social, qui se déroule du 5 au 11 mars 2007, et pendant le reste de l'année, prenez le temps de reconnaître les travailleuses et travailleurs sociaux qui sont une source de mieux-être dans la vie des enfants et des familles.